18/06/2019
Une logique de guerre froide, et un appui aveugle aux causes perdues de sécession et de séparatisme, a longtemps bercé certains régimes d’Amérique Latine. Une prise de conscience, une sorte de « retour à la raison » a, toutefois, été observée ces dernières années.
Ce retour logique vers la normalité a fait que plusieurs pays de la région ont décidé de réviser leur position vis-à-vis de la thèse des séparatistes du polisario et ce faisant, appréhendent mieux la question du Sahara marocain et la justesse de sa cause.
Ce revirement s’est également fait à la faveur d’une dynamique offensive, enclenchée par la diplomatie marocaine, qui a déployé des efforts tous azimuts pour mieux expliquer la genèse de ce différend régional «mal compris» et par conséquent «mal géré» par certains pays de l’Amérique Latine.
Pour Mohcine Mounjid, Chercheur à l’Université Mohammed V de Rabat et Directeur de l’Observatoire électronique sur l’Amérique Latine, « le principal facteur derrière cette dynamique positive est, certainement, le climat d’entente politique qui marque les relations du Maroc avec la majorité des pays de la région ».
Crépuscule d’une idéologie
Après avoir rappelé, dans un entretien à Hespress Fr, que la région latine est considérée comme le deuxième plus important espace géographique dans le monde qui suscite l’intérêt du Maroc en termes de politique étrangère, après l’Afrique, ce fin connaisseur des questions latino-américaines, souligne que « la thèse séparatiste vit un véritable crépuscule politique, qui se traduit par les retraits successifs de la reconnaissance de la pseudo RASD ».
Pour lui, face à ce déclin, de plus en plus évident, d’une thèse qui s’effrite, « les pays de ce continent, et leurs dirigeants, appréhendent mieux la question du Sahara marocain ».
« Plus loin encore, les parlements de ces pays adressent des recommandations à leurs gouvernements, les exhortant à appuyer les efforts du Maroc pour trouver une solution à ce conflit qui perdure », a ajouté notre interlocuteur.
Et de mettre en avant la dernière visite du ministre marocain des Affaires étrangères en République dominicaine, au Suriname, au Brésil, au Chili et au Salvador, qui, a-t-il dit, « témoigne de cette dynamique positive de la diplomatie marocaine ».
Les communiqués ayant sanctionné cette du Maroc visite soulignent que les gouvernements de ces pays soutiennent le processus onusien et les efforts « sérieux et crédibles » déployés par le Royaume, rappelle Mohcine Mounjd, qui en veut pour preuve la récente décision du Salvador (15 juin ) de retirer sa reconnaissance de la RASD.
« Cette décision, estime-t-il, est une parfaite illustration de cette tendance, car dès l’installation du nouvel exécutif de San Salvador, ce dernier, sous la direction de Nayib Bukele, s’est empressé de réviser sa position vis-à-vis de la thèse séparatiste ».
Une vision plus pragmatique
Selon notre interlocuteur, « de par ces prises de conscience et de position, la région de l’Amérique Latine est devenue de plus en plus active et interactive avec la communauté internationale, tournant ainsi définitivement le dos à l’idéologie de la guerre froide ».
Au-delà des pays visités par le chef de la diplomatie marocaine, Mohcine Mounjid, relève que les événements au Venezuela et au Nicaragua, « auront un impact direct sur les relations avec le Maroc, dans la mesure où il est prévu que ces deux pays retirent leur reconnaissance de la fantomatique RASD dès le changement des régimes totalitaires en place ».
Outre le retrait de la reconnaissance aux séparatistes, le Directeur de l’Observatoire électronique sur l’Amérique Latine, prévoit qu’ »en adoptant, petit à petit, une vision plus réaliste et pragmatique, l’Amérique Latine se transformera, à moyen terme, en un front de défense de la cause marocaine et son intégrité territoriale ».
Les pays de la région veilleront, de même, au développement de relations bilatérales fondées sur le respect mutuel dans le cadre d’un modèle de coopération Sud-Sud, et le succès enregistré par la politique étrangère marocaine en Afrique, s’étendra jusque dans cette région du monde.
Et notre interlocuteur de conclure : « De manière générale, la reconnaissance de la pseudo RASD a pris une courbe descendante, et la thèse séparatiste est de plus en plus confrontée au sérieux et au réalisme avec lesquels le Royaume défend la légitimité de sa cause nationale ».